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C’est ce que je sais politiquement de Moraga Duque

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Par Arturo Alejandro Muñoz(*)

Rancagua (Chili), 22 septembre 2020

Une fois de plus, le nom d’un personnage qui a occupé les pages de la presse écrite pendant les années 1980 vient à l’esprit, et pas précisément pour des raisons d’héroïsme mais, bien au contraire, pour des affaires qui relèvent clairement de la sphère de la trahison etdu banditisme politique, affaires qui durant ces années pouvaient coûter la vie à quiconque lui avait fait confiance, qui aurait cru à ses farces fébrilement planifiées au profit des ennemis de la liberté et de la démocratie.

L’histoire de cet individu mérite de meilleures lignes que celles écrites dans cette note. Cependant, tout reproche fait à son auteur dans l’effort visant à dévoiler la vérité, vaut bien la peine.

Cher lecteur, installez-vous confortablement, lisez et prenez note. C’est une partie -peut-être la moins connue- des actions politiques de Juan Carlos Moraga Duque (alias «Alejandro Velasco»), et qui a été publiée il y a plusieurs années par différents médias.

Nous avons connu Moraga pour la première fois sous le nom d’Alejandro Velasco. C’était son ‘enseigne’ et c’était en 1983. Je me souviens l’avoir vu arriver au troisième étage d’un bâtiment de Santiago situé à la rue Teatinos n° 727, où était la CEPCH (Confédération des Employés privés du Chili) et solliciter un entretien avec les « patrons » de la Confédération, à l’époque, Federico Mujica, Jorge Millán, Jorge Varela et Walter Antognini.

L’idée ou l’objectif fondamental aurait dû être de gagner la confiance des hauts dirigeants de la CEPCH pour, une fois à l´intérieur de cette Confédération, influencer le reste du conglomérat syndical national et entraîner de nombreuses organisations de travailleurs vers une position ouvertement anti-démocratiereprésentative.

Cependant, les doutes sur l’authenticité idéologique de Moraga l’ont largement emporté sur la volonté de travailler avec lui. Pour cette raison, la CNI (Centrale Nationale d’Intelligence) a concocté un plan visant à lui créer une légende : une attaquecontre la Confédération … une « arrestation » en plein jour et devant le siège du CEPCH … l’emprisonnement de Moraga par la CNI ayant fait la Une des journaux et des chaînes de télévision.

Un après-midi, alors qu’il quittait le siège du syndicat, il a été «attrapé» par des agents de la CNI au milieu de la rue Teatinos (commune de Santiago) lors d’une opération ostentatoire qui a interrompu la circulation sur cette rue pendant qu’un hélicoptère survolait le secteur.

Le gouvernement de Pinochet a demandé la réclusion à perpétuité pour ce Velasco pour êtrerentré clandestinement au pays. Et Velasco n’était plus Velasco, car à partir de cette arrestation médiatisé au style «hollywoodien», il a décidé d’utiliser son vrai nom: Juan Carlos Moraga Duque. Il a été défendu par l’un des avocats « stars » de l’époque: le célèbre «Tonguito» Ovalle, de la droite libérale qui était un ami proche du général Gustavo Leigh (à l’époque un adversaire autoproclamé de Pinochet et de Manuel Contreras) qui l’a libéré de la prison après une procédure judiciaire très courte qui a été largement médiatisée par la presse officielle de l’époque où, précisément, la liberté de la presse était très réduite.

De retour au siège de la CEPCH, Moraga s’est présenté comme un «socialisterentré clandestinement de l’exil au Chili». Il a déclaré que son centre d’opérations politiques se trouvait en Allemagne de l’Est (des mois plus tard, il a rectifié ses propos en disant qu’il se trouvait en Allemagne de l’Ouest) et en Italie où, d’après lui, il avait travaillé comme conseiller pour Bettino Craxi jusqu’à peu de temps avant son électionen tant que Premier Ministre du gouvernement italien. Il a déclaré que son intérêt principal était de créer une référence politique qu’il baptisa «Front socialiste», précurseur de ce qui -était supposé- devrait être la renaissance du vieux Parti Socialiste qui, au moins en Europe, était divisé en mille fractions telles que «La Chispa» (l’étincelle), «Los Suizos» (les suisses), etc.

Cependant, personne ne le croyait, car selon les dirigeants syndicaux de l’époque, tout ce que Moraga faisait sentait«les plans des services de renseignements militaires structurés et approuvés avec la CNI de Pinochet. Du jour au lendemain, le conspirateur «venu de l’exil» a été abandonné (et rejeté) par le monde syndical et le monde de la gauche; avec autant de célérité que lorsqu’il fut répudié après avoir été vu accompagné d’étranges personnages qui furent ensuite identifiés comme de «jeunes officiers de la Marine en mission civile», avec lesquels Moraga a loué et mis en place une petite chambre au deuxième étage d’un ancien immeuble situé à la rue Ricardo Cumming (commune de Santiago) où il a installé une sorte de mini-imprimeriede laquelle sortaient des brochures, des dépliantset autres.

Rapidement, il a commencé à forger les structures d’un groupe politique qui, peu de temps après, s’est définitivement rapproché de Francisco Javier Errázuriz,«Frafrá», figure importante en matière commerciale et financière, mais sans aucun poids politique par rapport à la politique sérieuse de son parti appelé Union du Centre-Centre(UCC).

Connaissant l’incompétence de Frafrá dans les affaires publiques, Moraga est rapidement devenu une sorte de «directeur de campagne» dela candidature présidentielle du millionnaire aristocrate qui a été battu et presque ridiculisé par Patricio Aylwin et par les partis de la Concertaciónen 1990. En effet Errázuriz a vécu une aventure présidentielle folleet sans lendemain mais cela a été commercialement et économiquement rentable pour Moraga Duque, car cela lui a permis de trouver des portes ouvertes au sein des confréries d’anciens militaires et de richissimesnostalgiques du Pinochetisme, où il est resté dans les mémoires comme un «agent du gouvernement militaire au seindu monde syndical», tel que l’a reconnu un ancien capitaine de frégate qui s’occupe aujourd’hui de la commercialisation des fruits.

Moraga n’a peut-être pas été un «agent du Pinochétisme» en tant que tel, mais le doute est raisonnable, et il le sait, puisque son comportement politique «zigzagant» des années 1983-86 l’indique. Rappelons-nous qu’en 1988, il a finalement inventé un «Frankenstein» politique appelé «Parti socialiste chilien», qui a tenté d’unir tous les vrais socialistes sous le drapeau et les symboles du PS de Salvador Allende. Et en cette même année, à partir de la tribune publique qu’il occupait à ce moment-là, il a appelé à voter NUL lors du référendum du OUI et du NON (pour ou contre la continuation du gouvernement militaire) bien qu’au début, il ait appelé à voter OUI, ce qui constituait, avec le vote NUL et le vote blanc, un clair soutien pour la poursuite de la dictature.

L’année suivante, en 1989, on a découvert à quoi ressemblait cette monstruosité partisane lorsqu’il a proclamé le chef du mouvement ultraconservateur et pro-nazi «Patria y Libertad» (Patrie et Liberté, mouvement d’extrême droite), Pablo Rodríguez Grez, comme son candidat à la Présidence de la République.Rapidement, on soupçonna alors que derrière cettemachination pour créer un produit dictatorial aberrant, prétendument socialiste, se cachait une collusion entre Moraga et le général Manuel Contreras lui-même. La vérité est que lorsque cette tentative incroyable et puérilea échoué, notre personnage s’est approché de Francisco FrafráErrázuriz.

Le 29 mai 2002, le journal électronique «Primera Línea» (du journal «La Nación») a publié l’article suivant sous le titre «Ex-collaborateur du régime militaire est détenu»:

« Des fonctionnaires de la Brigade d’enquête sur les délits économiques (Bridec) de la Police civile (PDI) ont arrêté l’ancien président du controversé Parti socialiste chilien, Juan Carlos Moraga. Des sources policières ont précisé que la détentiona été opérée à la suite de trois ordres d’arrestation pour fraude, que le dirigeant avait commis à plusieurs reprises. Juan Carlos Moraga a créé le soi-disant Parti socialiste chilien pour défendre le général Augusto Pinochet et il a été également un ancien membre de la jeunesse socialiste de San Antonio (port de la région de Valparaíso) jusqu’en 1973, pour ensuite fuir en France.A son retour d’Europe, il aintégréles services secrets du régime militaire. La dernière fois que le nom de Juan Carlos Moraga est apparu dans la presse fut à cause du départ d’EdgardoLienlaf de la direction de la Corporation Nationale de Développement Indigène (Conadi), en raison d’une vente irrégulière de terres aux communautés autochtones ».

En parallèle, le journaliste André Jouffe, dans un article intitulé «Profil du nouveau vote d’or» publié dans le journal «El Periodista», évoque Moraga en se référant au sénateur indépendant de la région de Magallanes, Carlos Bianchi: «Une personne contradictoire, M. Bianchi parle de nationalisme mais il s’est opposé à la création du parti régionaliste, et il l’a même boycotté lorsqu’il a su que son dirigeant était Juan Carlos Moraga, un ancien socialiste renégat, qui après avoir été autorisé en 1987 par la dictature à former le group PS-PR (Parti Socialiste-Parti Radical) avec Carlos Morales afin de voter «non» lors du référendum de 1988, ce dernier a lancé un appel scandaleux à la dernière minute à ses adhérents pour qu’ils votent «oui» (lors du référendum de 1988).

On pourrait continuerde raconter sur plusieurs pages les vicissitudes de Moraga Duque, comme celles qui l’associent à certaines organisations de prétendue «aide sociale», et que, peut-être, leur objectif principal était uniquement d’exercer une influence au sein des plus hauts niveaux de l’administration de l’État -ou au sein des organisations supranationales- en faveur des «propriétaires de l’or».

Aujourd’hui, il cogère / codirige une organisation baptisée avec le nom attrayant de «Droits de l’Homme sans frontières», d’où il travaille avec acharnement pour éviter quele peuple de la République Arabe Sahraouie (RASD) soit le propriétaire légitime du Sahara occidental (ancien territoire espagnol), car l’Histoire et la culture le valident. Comme on le sait, la RASD est soutenue par plus de 80 pays et a été le fondateur de «l’Union africaine». Cependant, en 1976, le Maroc et la Mauritanie ont envahi militairement la zone. La Mauritanie s’en est retirée quelques années plus tard, mais le Maroc insiste en la considérant comme faisant partie de son propre territoire.

Devinez, cher lecteur, de quel côté Moraga Duque s’est immédiatement positionné. Facile à savoir, non? … de celui de l’envahisseur, de celui du puissant, de celui de l’injuste. Il y a plein de commentaires.

Finalement, selon les aventures et les complots de Moraga Duque durant les années 1982-83-84-85 (que j’ai connu personnellement), il me suffit de savoir de quel côté d’un conflit se situe l’ancien Alejandro Velasco pourêtre sûr qu’il s’agit du mauvais côté, celui du tricheur.

De l’histoire politique de Moraga Duque je peux conclure qu’il s’agit d’une sorte de «sorcière» transformée en un éternel chercheur d’or…..pour des intérêts qui ne sont pas précisément au bénéfice de la démocratie ni de la liberté, qu’il prétend défendre avec des absurdités en essayant de confondre les moins avisés, comme il le faisait en 1982-83 … jusqu’à ce qu’il soit découvert et il a dû porter le seul costume qui lui va: celui du travestissement politique avec lequel il contribue au maintien de l’establishment néolibéral sauvage.

Face à la question qu’on ne cessera de se poser: «pour qui il travaille et a toujours travaillé, Moraga Duque?», La réponse est simple et directe: «pour les propriétaires du pouvoir économique, la où ils se trouvent». Et je me réfère aux faits.(*)Professeur d’histoire et Travailleur Social à l’Université du Chili et romancier qui a écrit des articles pour plusieurs médias électroniques au Chili et à l’étranger.

 

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